Dans « Concepción et Monsieur Laplume », une jeune femme, Concepción, quitte en claquant la porte
le cours d’alphabétisation. Apprendre des syllabes à longueur de journée cela ne lui permettra jamais d’écrire à son amoureux. Elle est très amoureuse. L’homme qu’elle aime c’est Jean-François,
il est chômeur. Peu importe.
Lorsque Concepción trouve, dans sa boite à lettres, un mot de Jean-François griffonné au dos d’une convocation de l’ONEm, elle prend peur. Incapable de déchiffrer la proposition galante de son
soupirant, mais reconnaissant clairement la provenance de la convocation, elle se méprend sur le contenu du message et cherche désespérément quelqu’un pour le lui déchiffrer. Elle se tourne vers
son patron. Celui-ci apprenant qu’elle ne sait ni lire ni écrire la licenciera. Quant à son amoureux, déçu qu’elle lui ait posé un lapin, il la quittera.
Le but de ce spectacle est de montrer à quel point, le fait de ne savoir ni lire ni écrire constitue un réel obstacle. Obstacle aux rapports humains, aux rapports professionnels, à tous les
rapports sociaux au quotidien. Et qu’il constitue donc un facteur d’exclusion important. Mais montrer ne suffit pas, le choix du spectacle-forum l’indique à suffisance. Il permet de démonter les
mécanismes d’exclusion et de donner aux personnes concernées des clés pour avancer. Propositions, débats, discussions, échanges permettent de rompre l’isolement et de dépasser la honte qui,
souvent, submerge les intéressés.
L’analphabétisme n’est pas une « tare ». Il constitue, au contraire, une réalité de plus en plus répandue malgré la chape de silence qui la recouvre.