Avec Les Naufragés en 1998, le Collectif 1984 (en collaboration avec la Compagnie du Campus) signait sa 5ème création collective en 20 ans d'existence. Mais de 1979 (date de la création de la troupe) à 1998 (date de la première représentation du spectacle « Les naufragés), beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
Retour dans le temps et rappels d'athmosphère.
-- En 1981, notre premier spectacle -Ruptures- est alimenté des mille et unes critiques que charrient encore les mouvements issus des années '70 sur tous les aspects de la vie sociale. Les scènes de ruptures avec la famille, l'école, l'armée, la justice... témoignent des perspectives de changement que se sont tracées des millions de jeunes travailleurs de par le monde.
-- En 1984, Tout!, notre deuxième spectacle, corrige une absence de la création précédente: la question du travail. Nous comblons ce manque sur une note punk, accompagnés par les derniers cris de "no future!" face à la crise qui s'approfondit.
-- Les Communs des Mortels en 1987 proposent un contrepoint aux "success stories" de l'ère des "winners". Le spectacle dénonce les ravages croissants de la concurrence existant au sein même de ceux qui supportent le poids de plus en plus lourd de la crise économique: les chômeurs, ceux que la dictature du "politically correct" n'appelle plus "des prolétaires", mais "des exclus".
-- 1996 marque le cinquantième anniversaire des accords entre la Belgique et l'Italie consacrant la déportation de milliers de jeunes italiens dans les mines belges dès 1946. Sur scène, un mineur mort en 1946 rencontre un chômeur fou de 1996. Poussières du Temps mettra en perspective la mémoire de ce désastre humain et la tragédie contemporaine de l'accroissement du chômage partout sur la planète.
-- 1998 est là. Le désir d'une nouvelle création également. Mais ils sont bien loin les élans sociaux des années '70 et les coups de punk rageurs des années '80. Enterrés aussi les paumés de la "bof generation" rose des années Mitterrand. Quant aux "winners" et aux "golden boys" du début des années '90, plus personne n'y croit. Le chômage quant à lui est toujours là... Malgré les promesses électorales et les gouvernements qui se sont succédés à droite comme à gauche en prétendant baser l'ensemble de leur politique sur la résolution de ce fléau, sa présence est toujours aussi obsédante.
1998. Dans quel climat parlerons-nous du monde qui nous entoure? Et quelles images utiliser pour tracer quelques modestes perspectives sur une scène de théâtre?
Les premières impressions qui nous viennent à l'esprit pour définir le contexte actuel sont celles d'une paix sociale démobilisante, d'un ennui existentiel, d'un consensus plein de conformisme. Quoi de mieux pour définir ce climat que de mettre en scène cinq personnages tout-à-fait communs, trimballant derrière eux, comme un morceau de leur propre chair, un lourd parcmètre. Nous définissons alors allégoriquement le profil et les états d'âmes de nos personnages dans l'image des naufragés, une image qui se veut une grille de lecture du spectacle, et qui s'inscrira donc en titre. Mais nous ne voulons pas laisser les protagonistes dans cet état et le déroulement du spectacle les transformera donc peu à peu en pirates. Bref, à la photographie désespérante de la situation présente, nous avons préféré le processus, le mouvement, la dynamique. Engoncés tout d'abord dans un océan de conformisme désespérant qui fait qu'ils n'arrêtent jamais de ramer -même quand ils attaquent la falaise-, nos naufragés vont bientôt "surgir de l'ombre chaude du négatif en hurlant à plein poumons: à l'abordage!".
Le livre "Les Naufragés/ I Naufraghi" est disponible aux Editions du Cerisier
Théâtre des Rues
20, rue du
Cerisier - 7033 Cuesmes
Tél: 00 32 (0)65 31 34 44
Courriel: theatredesrues@skynet.be
Notre spectacle Les naufragés a inspiré des étudiants québécois...